Cher Jean,

En premier lieu, je te félicite pour ta prochaine… comment dire… « nomination » à la tête de l'Etablissement public d'aménagement de La Défense (Epad), le premier parc d'affaires d'Europe, avec ses tours obsolètes, son déficit abyssal et son projet urbain en panne.

Jeune élu de 29 ans, je suis moi-même administrateur de l'établissement public voisin, Seine-Arche. Celui-ci fusionnera avec le tien d'ici peu, quand ton père aura signé le décret. Bien que depuis deux ans je travaille sur les dossiers de ce secteur, ceux-ci sont encore complexes à comprendre.

Dès lors, tu comprendras qu'il est difficile pour moi de voir nommer à cette place quelqu'un de moins informé que moi et qui, a priori, va voir l'influence de son établissement étendue sur ma commune lorsque ton père aura signé le décret de fusion. C'est près de la moitié de ma ville qui sera sous l'emprise de l'établissement que tu présideras.

Je te conseille avant toute chose de prendre le temps de visiter le secteur : bien que voisins, Neuilly-sur-Seine et La Défense n'ont rien à voir, et Nanterre n'est pas une morne plaine à bétonner. Moi, qui suis né et qui vis depuis toujours dans cette ville, moi qui ai été élu avec 56% dès le premier tour, moi qui connais presque chaque mètre carré de cette ville, chaque hall d'immeuble, j'aurai moins de droit de décider l'avenir de ma ville que toi.

Je ne serai peut-être même pas dans le futur conseil d'administration que tu vas présider, puisque ton père va supprimer mon poste d'administrateur.

Tu comprendras que je sois scandalisé de voir ma ville dépossédée de son urbanisation, remise entre tes mains par un tour de passe-passe « juridico-administrativo-politique » un peu bancal.

Pire encore : le fric que ce nouvel établissement va se faire sur Nanterre, en vendant des droits à construire, va servir à éponger les dettes de la Défense, et servira à rénover les tours devenues de vraies épaves.

Jean, si tu as bien compris, tu seras bientôt chargé de bétonner ma ville, sans que je ne puisse rien dire, pour rembourser les dettes de ton père, qui présidait l'Epad bien avant toi… Il n'y a vraiment rien qui te choque là-dedans ?

Alors avec tout ça, tu comprendras que je sois vraiment dégoûté. Dégoûté de la politique ; dégoûté des discours qui parlent du « mérite » et qui ne me donnent même pas les droits que mérite un élu local : décider, avec toi ou d'autres, du devenir de la ville où j'ai grandi, où j'ai appris, où j'ai été élu.

C'est pour tout ça que je t'invite, une fois « élu » président de l'Epad, à abandonner le mauvais procès qu'on fait à ma ville et à réaliser, par ton propre courage et ta propre volonté, le renouveau de la Défense sans exproprier toute une ville de son avenir.

Je te remercie et te prie de recevoir, cher Jean, l'expression de mes salutations cordiales.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      
Quotidien, couvre le département du Cher et une partie de l'Indre (2 départements constituant l'ancienne province du Berry)            http://www.leberry.fr/editions_locales/saint_amand_montrond.html
Hebdomadaire, dont le siège social se trouve à La Châtre (Indre), avec une agence à St Amand (Cher)
http://www.echoduberry.fr/

Et maintenant, l'édition du quotidien qui vient de disparaître dans le Cher au 30 septembre
http://www.lanouvellerepublique.fr/dossiers/journal/index.php?dep=18



Il ne reste plus que 22 départements qui ont la chance d'avoir deux titres de presse régionale. La chance, parce que l'on peut être inquiet du monopole du " quatrième pouvoir ", tout local qu'il soit. Pouvoir, parce que politique et pouvoir se marient parfaitement. Et trop souvent à notre détriment.

Déjà, je regrette deux choses :

1/  j'attendais un éditorial en première page de la direction du Berry Républicain - désormais sans concurrent -   s'engageant avec solennité aux divers respects du pluralisme d'opinions

2/  hasard de dates : la presse régionale vient d'être honorée par le gouvernement ; photos de la direction du Berry avec ministres et article dans ses colonnes : pas un mot sur la disparition de "l'autre". Trop contents ? (Je précise que les désormais anciens abonnés de la Nouvelle République  ont eu la proposition de transfert direct au Berry)

A priori, je vais faire confiance aux journalistes du Berry Républicain et de l'Echo du Berry.

D'autant que - détail en quelque sorte " amusant " - à St Amand, nous avons ( suite auto-censurée)

Mais en tant qu'habitant et en tant que militant politique d'opposition municipale, je ne pourrai qu'être extrêmement vigilant sur les contenus - et leurs importances - des articles liés aux évènements politiques locaux.

Village de 300 habitants à 10 kms de ma ville, au coeur du Berry : église, monument aux morts, école, un seul commerce, café-restaurant, l'histoire ancienne d'un curé progressiste (c'est-à-dire qu'il vivait en couple avec "sa bonne du curé "), un village normal, quoi ! dont 3 rues seulement portent un nom.

Et puis le Maire, avec l'accord du conseil municipal, a changé le nom d'une rue :

" rue des Juifs " devient  " impasse des Pèlerins "     parce que la commune se trouve sur le circuit de St Jacques de Compostelle. (déjà un truc que je comprends mal : s'ils sont dans l'impasse, comment ils font les pèlerins pour aller en Espagne ?). Un habitant s'en est ému et la presse locale a trouvé là information tonitruante. La LICRA s'en est mêlée et - obligatoirement  là avec eux ça mousse - la presse nationale s'en empare désormais.




Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre ?

C'est quoi le drame ?

Mais ils n'ont rien autre à faire ces journalistes ? à part attiser les polémiques ?

L'édition du Cher de  " la Nouvelle République du Centre " va disparaître.

Regrettable, mais ceci explique peut-être cela !