Le Conseil de Parents d'Elèves et la Morale

J'avais 7 ans, à l'école Paul-Doumer de Caudéran, aujourd'hui quartier de Bordeaux, autrefois commune indépendante. J'ai retrouvé ce bulletin. Mais pourquoi " l'Escargot " ? et " de l'ile " ? .... curieux nom pour un bulletin de parents d'élèves ...

Article, extrait de ce bulletin, écrit par mon père, vice-président du Conseil des Parents

  Dans ce premier numéro de " l'Escargot ", je voudrais vous parler de la place que devrait occuper chez l'enfant la Morale au côté du Savoir, à un âge où il a énormément besoin de l'une comme de l'autre.

Qu'il me soit permis de rappeler mes dernières années de classe - il y a un quart de siècle de cela ! - époque où notre bon maître S..., sec et noueux comme un sarment, un peu voûté aussi par 25 années de dévoués services consacrées à l'enseignement primaire, nous disait : " Mes enfants, nous allons maintenant passer à la Morale ".

Cela arrivait, si je m'en souviens, deux fois par semaine ; c'était bien peu ; mais ce qu'il nous enseignait alors, sans le secours d'aucun livre, simplement au cours d'une amicale causerie dont il avait le secret, renfermait tellement de saine logique, faite de gentillesse et de persuasion que, tous, nous différencions sans grands efforts, comme des choses ayant toujours existées, immuables, rattachées à la vie même de l'individu ; le bien du mal ; les qualités des défauts ; la vertu du vice.

Il semble bien qu'aujourd'hui, ces préceptes élémentaires de la morale aient été un peu perdus de vue. Nos enfants ne se comportent plus, à l'école et dans la famille, avec les convenances que nous-mêmes avons apprises.

Certains grands ont contracté au cours de la guerre, d'excécrables habitudes qui contaminent immanquablement les plus jeunes. Ils paraissent plus dégourdis que les enfants d'hier, plus avancés que leur âge, alors qu'ils ne sont que plus mal élevés. Les gros mots fusent ; l'obéissance, la politesse, la charité du coeur sont des vertus de plus en plus rares. Ils perdent souvent le goût du travail parce qu'ils n'ont pas acquis suffisamment les qualités morales indispensables. Je ne veux pas dire que cet état d'esprit soit général ; mais le facteur " morale " est bien affaibli au regard de celui des générations précédentes. Cela n'a pas, hélas, été toujours de la faute de la génération actuelle, mais bien celle d'une période que nos enfants ont subie et au cours de laquelle, en plus de privations physiques de toutes sortes, les mauvais exemples primaient sur les plus simples devoirs.

La morale est intimement liée au savoir. L'éducation, qu'elle soit laïque ou chrétienne doit, chez l'enfant, tenir autant de place que son instruction. Les parents ont le devoir de préparer le terrain au maître ; celui-ci aura sa tâche facilitée pour faire la place qui revient à la morale dans le cerveau de l'enfant.

Ce sera préparer cet enfant à devenir un homme ; un homme et un père, conscient du rôle social et éducateur qu'il aura à jouer un jour ; et un homme est vraiment grand que par la valeur de son savoir et le nombre de ses vertus morales.

Mon commentaire :

le même bâtiment abritait l'école des garçons et celle des filles ; mais la cour de récré était mixte (un progrès !!!...). Cela n'a pas incité - pas plus que la présence de mes 2 soeurs dans cette même école - mon père à évoquer savoir et morale chez les filles : il n'a utilisé que " homme " et " père ".........

Quant au contenu, cela me paraît assez d'actualité, 60 ans plus tard ...